Sur les traces de la CCC: stage UCPA du 25 au 31 Juillet
Préambule:
Cette année, j'avais décidé de me tester sur des circuits plus longs et l'UCPA proposait notamment un séjour en itinérance sur le parcours de la CCC. J'ai motivé ma copine Marie et nous voilà en direction d'Argentière afin de rejoindre notre groupe. Malheureusement Marie ne peut pas courir à cause d'un doigt de pied bien abîmé et je me retrouve donc « seule » à participer à ce stage. Nous sommes un groupe de 7 dont une autre fille, Lucille, très bonne marathonienne ce qui ne me rassure guère sur le rythme que je vais devoir tenir. Le reste du groupe se compose de Nico seulement 28 ans et déjà une forte expérience de l'ultra, Fred qui aura toujours un petit mot réconfortant, Nico dit le magicien qui nous montrera de nombreux tours qui feraient palir plus d'un professionnel, Stéphane toujours calme et serein et Richard le plus compétitif d'entre nous et qui a une très grande expérience... des Mc Do ! Notre guide Christian est quant à lui très posé et possède une très bonne connaissance du milieu montagnard.
Les deux premiers jours, nous partons en étoile avec notre guide afin de prendre le temps de faire connaissance, de s'acclimater à l'altitude et de jauger aussi un peu le niveau de chacun. Nous (re)découvrons le parcours du marathon du Mont Blanc ainsi que le lac d'Emosson. Le groupe est étonnamment homogène et, d'emblée une bonne cohésion de groupe se crée. Chacun avec sa personnalité apporte ses connaissances et son enthousiasme. Les parties de rigolade vont bon train et je me sens bien au sein de ce groupe. En cette veille de départ, je reste plutôt stressée et me pose beaucoup de question quant à ma réussite sur cette « épreuve ». En deux jours « d'introduction » nous avons tout de même déjà parcouru presque 50 kms et 2500m de dénivelé positif.
Etape 1: Courmayeur- La Fouly 38 km, 2500m D+, 6h55 d'effort !
Nous quittons tôt le centre d'Argentière pour nous rendre côté italien à la Palud (2kms au dessus de Courmayeur) et dans le minibus qui nous emmène, l'atmosphère est relativement silencieuse. Chacun semble concentré sur la journée à venir (ou peut être mal réveillé de ce départ fort matinal !). En tout cas, ce mercredi matin, l'ambiance est plutôt froide et il nous tarde de nous mettre en jambes... Nous attaquons l'étape par une longue montée sur la Tête de Bernarde en passant par le refuge Bertone (1500 m D+), de quoi faire prendre conscience de l'ampleur de la course.... Et là au détour d'un virage, nous faisons une première belle rencontre: Dawa Sherpa vient nous saluer et prendre le temps d'échanger quelques mots avec nous. Nous bavons tous sur sa grande facilité à courir sur ce type de terrain. Il semble voler de rocher en rocher. Trêve de rêveries, il nous faut poursuivre... Première longue descente avec une partie assez technique puis c'est la longue montée sur le Grand Col Ferret qui nous attend. Nous nous arrêtons manger un bout au refuge Elena... la faim se faisant vraiment sentir au bout de 5h d'effort. La reprise, après cette pause, sera difficile pour moi mais non pas dans la fin de la montée comme je le pressentait mais dans le début de la très longue descente sur La Fouly. Je ne parle plus et je me retranche à l'intérieur de moi. Christian, notre guide, le sent et cherche à me changer les idées en me parlant de la flore locale. Désolée mon pauvre Christian mais je n'ai rien retenu... Je finis par avouer à mon acolyte de stage, ce cher Nico le Magicien mon mur davantage psychologique que physique. Il traverse la même phase que moi et le fait de ne plus nous savoir seuls dans cette difficulté nous galvanise et nous voilà reparti d'un meilleur train. L'étape se finit en déroulant sur une descente de plus en plus roulante jusqu'à atteindre notre gite de La Fouly où j'éprouve déjà une belle fierté... Je me sens libérée d'un certain poids et seul le mauvais temps annoncé pour la suite me fait un peu peur. Nous dormons tous dans un petit dortoir et chacun essaye de trouver ses marques entre ceux qui ont besoin de se lever la nuit, ceux qui ronflent, parlent et j'en passe. Effectivement ce ne sont pas mes meilleures nuits de sommeil mais l'ambiance du groupe est tellement agréable que je me sens porté par lui.
Etape 2: La Fouly – Trient: 30 km et 1300m D+, 5h15 d'effort !
Nous nous levons sous une pluie battante et chacun essaie de réorganiser son sac en fonction de ce temps exécrable. Le gardien du gite essaie de nous rassurer et nous faisons notre maximum pour le croire... Heureusement nous ne savions pas ce qui nous attendait !
Nous quittons donc notre nid pas forcement douillet mais toujours plus agréable que l'ambiance froide et pluvieuse de cette matinée et nous mettons en route pour Champex. Une longue descente d'une dizaine de kms assez douce, nous permet de bien nous échauffer avant de passer aux choses sérieuses: la fameuse montée de Bovine. Pour avoir lu de nombreux contre rendu de course et suivi plusieurs copains sur l'UTMB ou la CCC, je connais sa réputation et les pluies de plus en plus fortes et glaciales n'ont rien de rassurantes... Je me cale à nouveau derrière Christian et Nico le Magicien prend ma suite. Cela me rappelle certains souvenirs notamment lors des raids Edhec ! Les mollets de Christian n'ont plus de secret pour moi... Finalement cette montée façon « petit train » se fait relativement bien et après une courte pause au refuge... nous décidons de poursuivre l'étape transis de froid. Il faut dire que les averses se sont succédées, plus froides et plus fortes les unes que les autres. Nous attaquons alors la descente sur Trient sous de sacrées averses de grêle... mes cuisses déjà bien rougies par la pluie n'en sont que plus vives ! Les premiers imposent un rythme vraiment soutenu depuis le début de l'étape et je commence à sentir une certaine lassitude. Je n'arrive plus à être au contact et ne fait que gérer les écarts avec les premiers. Nous sommes trempés et la boue ne rend pas la descente des plus simples. Nous finissons en apothéose puisqu'un orage à succédé à la grêle... Quoi de plus dantesque pourrait maintenant nous arriver... Peut être l'attente de nos sacs au gite d'étape pendant presque 2h alors que nous avions rêver de douches chaudes toute la journée. Mais même ces conditions n'atteignent pas l'humeur du groupe et nous passons tout de même une bonne soirée, certains que le lendemain ne pourra pas être pire !
Etape 3: Trient – Chamonix: 28 kms et 1700m D+, 5h30 d'effort !
Ouf ! La pluie cesse juste avant que nous chaussions nos baskets... C'est le dernier jour et nous avons tous envie de bien finir cette reconnaissance. Deux d'entre nous (Nico de Compiègne et Fred) seront sur la ligne de départ dans moins de 4 semaines... Première montée de 700m de D+ en groupe sur Catogne tranquillement en échangeant encore et toujours sur de nombreux sujets. Nous serons restés soudé du début à la fin et j'ai agréable à penser que certaines affinités perdureront dans le temps. Seul le très posé Stéphane peine un peu, une tendinite du releveur l'empêche de s'exprimer librement. Ni mes bâtons, ni le petit eferalgan que je trouve au fond de mon sac ne le soulage. Lui si rapide en descente, cherche simplement à ne pas se faire distancer et il se résigne à nous abandonner au col des Montets, à mi-étape. Nous poursuivons sur la dernière difficulté (la montée sur la Tête aux Vents) en compagnie de Sébastien, un ultra traileur parti en reconnaissance sur l'UTMB et qui nous suit sans problème malgré son sac de 10kg... Nous n'avons définitivement pas tous les mêmes aptitudes ! Et là, alors que nous montions tranquillement (je rigole, nous soufflions tous comme des boeufs !) j'aperçois Killian Jornet, mon idole ! Je ne peux y croire, surtout lorsque celui ci s'arrête pour discuter avec nous et faire quelques photos. Je crois rêver, j'ai 15 ans et je saute sur place ! Tout le reste de la montée se passe pour moi dans cette euphorie... Un très grand moment dans ma petite vie de traileuse... Nous ne pouvons nous arrêter au sommet, perdu dans les nuages, il fait trop froid pour se poser. Nous poursuivons donc sur la dernière longue descente sur Chamonix. Une petite pause néanmoins, une fois le soleil réapparu au niveau de la Flégère, histoire de se requinquer un peu et c'est reparti... toujours sur un rythme soutenu où Lucille a définitivement pris les devants talonnés par Nico de Compiègne et Fred. Je finis cette dernière partie toujours en compagnie de Nico le magicien et nous n'avons plus vraiment la force d'attaquer en descente... nous la subissons mais pensons déjà à nos futurs projets en trails... Je ne suis pas encore arrivée que j'ai déjà oublié les moments difficiles, la fatigue de plus en plus tenace et les moments de doute. Je ne pense qu'à recommencer, relever de nouveaux défis et aller m'aligner sur des distances de plus en plus longues...
Nous arrivons tous avec beaucoup d'émotions sur la place du triangle à Chamonix, imaginant l'émotion des finishers dans quelques semaines. De mon coté je suis très fière de ce que je viens de réussir, une grosse barrière mentale s'est abattu et je me sens vraiment libre. Nous terminons tous chez un bon glacier, il ne faut tout de même pas se laisser abattre et surtout un peu plus tard déguster un bon coca zéro, mon addiction....
Le stage finit dans une ambiance conviviale et sympathique mais la fatigue est aussi bien présente. Il n'y a qu'à voir les portraits que nous nous sommes tirés histoire de ne pas oublier... Nous mangeons copieusement ensemble une dernière fois et faisons une dernière partie de UNO où tous les coups sont permis. Petite séance diaporama et émotion, échanges d'adresses et nous voilà tous reparti sur de nouveaux horizons la tête pleine de souvenirs et les jambes affutées...
Je ne peux que continuer d'être admirative devant tous ces coureurs qui s'alignent sur l'UTMB et la CCC. Nico et Fred, je serais derrière vous ! Petite pensée pour Sébastien qui prendra son premier départ sur l'UTMB. Chapeau bas aussi à Lolo qui a déjà terminé l'UTMB et Christophe de l'AOC engagé sur la CCC l'an dernier et qui fera l'UTMB cette année... Alors le rendez vous est fixé, bonne course à tous !